Trois hommes dans un bateau

Nous rangeons nos armes et nos bagages, avec l'équipement de sécurité prescrit, des gilets de sauvetage aux fusées éclairantes...

Autre décision stratégique : où commencer la descente ? Par convention, le Pô est considéré comme navigable à partir de Pavie, il y aurait donc 400 kilomètres. Un peu trop pour mettre de l'ordre dans nos agendas respectifs, et nous faisons défiler la carte du fleuve jusqu'à un nom, Polesine Parmense, qui enflamme l'enthousiasme des plus sensibles à la bonne chère : "Voici Cavallino Bianco !", le restaurant de la famille Spigaroli, héritière d'une osteria fréquentée au début du XXe siècle par ceux qui attendaient le ferry pour rejoindre la rive opposée. "C'est le sanctum sanctorum du culatello", et tout le monde y trouve son compte. C'est pourquoi nous convergeons vers ce lieu de la plaine du Pô, à la frontière entre Parme et Plaisance. Il nous reste 250 kilomètres et cinq jours de bateau à parcourir.

Un majestueux cochon de Parme noir, père des meilleurs culatelli, dans son enclos surplombant le Pô.

Le prologue se termine à table, devant un passionnant tagliere et une bouteille de Malvasia pétillant, car ici, avec les salumi, on boit surtout du blanc et on termine par un nocino. Avant de rejoindre le port, nous rendons hommage à la divinité tutélaire de toute cette charcuterie : Maciste, le puissant sanglier noir de Parme qui s'ébat comme un sultan avec son harem à l'ombre d'une peupleraie.